Alain Daniélou a constamment cherché à comprendre le monde qui l’entourait, et à le parcourir pour comprendre dans sa diversité, s’emparant de tous les vecteurs à sa disposition : les arts visuels, la musique, la danse, l’écriture, la philosophie, les sciences, l’histoire. Le dialogue universitaire s’efforce de diffuser par des recherches adoptant une approche scientifique, les multiples facettes de cette œuvre, et de proposer des travaux qui se fondent entre autres sur la vision du monde de Daniélou pour appréhender des phénomènes qui animent notre société.
La singularité de l’œuvre d’Alain Daniélou est observable au plan des formes multiples qu’elle revêt. A l’occasion d’une interview de la radio Suisse Romande, le 6 novembre 1987, la journaliste Catherine Michel insiste sur le parcours multiforme de Daniélou : « Vous êtes, (…) un grand spécialiste de l’Inde. (…) Vous écrivez l’hindi, comme le français, et vous êtes initié dans la tradition shivaïte. (…) Si vous avez quelque chose à ajouter, ajoutez-le. » Et Daniélou de répondre : « Vous savez, j’ai beaucoup de défauts. Je fais aussi de la peinture et on (…) vient de faire une très jolie exposition de mes aquarelles ». Cette pluridisciplinarité a également la particularité chez Daniélou de combiner des outils méthodologiques scientifiques, à une approche artistique qui fait de lui un personnage inclassable, qui échappe à toute école de pensée, à toute affiliation.
C’est entre autres cette singularité que les travaux du Dialogue universitaire souhaitent mettre en lumière. En outre, Daniélou se distingue des autres indianistes européens et occidentaux par une position « intégrée ». Daniélou a en effet fait l’effort d’apprendre les langues indiennes, de vivre en indien, mais aussi en hindou, faisant partie des rares européens à avoir été initié à l’hindouisme. Au plan scientifique, sa manière d’aborder les sujets et les objets d’étude est donc tout à fait différente de l’approche académique répandue dans nos institutions. De même, ses outils et sources sont autres.
Cette position singulière lui a souvent valu la défiance des universitaires.
Ironie du sort, penserez-vous, que de proposer un dialogue universitaire au sein de la Fondation Alain Daniélou ?
Ayant écrit ma thèse sur Alain Daniélou, et, bien que mon approche soit résolument littéraire et n’aborde donc pas l’œuvre de Daniélou sur le plan des idées philosophique sociétale, ou théologique, j’ai pu éprouver combien il pouvait y avoir une résistance à accueillir des travaux portant sur Daniélou dans l’univers académique.
Il y a pourtant une vraie originalité dans cette œuvre qui de surcroît apparait bien souvent visionnaire, ou du moins s’avère un excellent recours pour problématiser les questions qui animent notre société du XXIème siècle. Ainsi, les recherches menées dans le cadre du dialogue universitaire s’attachent notamment à analyser les dynamiques identitaires, les mouvements migratoires et le plurilinguisme, l’interculturalité, en écho à la démarche de Daniélou, lui-même témoin et acteur de ces réalités par son immersion dans des univers culturels variés.
Le dialogue universitaire se donne pour objectif de proposer des activités de recherche (colloques, conférences, articles scientifiques, mais aussi table ronde, séminaires, expositions et spectacles) qui permettent un travail sur l’œuvre de Daniélou ou bien d’utiliser un pan de la pensée de Daniélou pour éclairer des phénomènes qui traversent le champ des sciences humaines de nos jours.